Les installations de Benoît-Marie Moriceau se développent selon les circonstances, les contextes et la nature des lieux dans lesquels il est amené à intervenir. Spectaculaires ou plus ténues, ses sculptures et installations génèrent des dérèglements perceptifs et sensoriels. Ses œuvres explorent la façon dont nous appréhendons et construisons le monde, l’influence de l’imaginaire sur notre perception des choses, les frontières entre le réel et l’art et plus globalement, les basculements vers le surnaturel. Invité à intervenir dans l’ossuaire de l’enclos paroissial de La Martyre, Benoît-Marie Moriceau a compilé un ensemble d’observations et d’histoires qui se rattachent au lieu. Les multiples représentations macabres visibles dans l’ossuaire - aujourd’hui vidé des reliques -, rappellent sa fonction d’origine.

En reconstituant le contexte de l’époque et les savoirs qui entourent la mort, omniprésentes en Bretagne, il est possible d’imaginer la fonction première de ce lieu, d’y déceler un autre rapport à la mort, au surnaturel ainsi que des rituels communs oubliés. Pour son installation, ce sont ces histoires, actualisées et incarnées par une série d’objets, que l’artiste souhaite mettre en scène, comme une sorte de vanité, augmenté d’une expérience sensorielle, musicale et culturelle. Benoît-Marie Moriceau propose deux prolongements à cette installation, sous la forme d’une série d’invitations à d’autres artistes : le premier, de l’ordre de la performance pour évoquer ce qu’était La Martyre, connue dès le XVIIe siècle pour sa foire. Une procession va envahir la commune, dans une ambiance de brouhaha de musiques et de chants, évoquant à la fois une marche des sonneurs, une danse macabre ou un charivari. Le deuxième prendra la forme d’une discussion, menée par Before Sunrise. Il s'agira de traiter des relations particulières à l’au-delà qu’entretiennent historiquement, deux bouts du monde, la Bretagne et le Japon.